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24 février 2023 | Au potager

Comment et pourquoi faire une butte auto-fertile (hugelkultur)

Partisane de la mise en pratique comme méthode d’apprentissage, Caroline Martin aime tester des techniques approuvées ou non pour faire évoluer son jardin de manière la plus écologique possible.  Elle partage ici le point de départ d’une nouvelle expérience avec une méthode qui se popularise, la culture sur butte auto-fertile. Récit…

« L’hiver, c’est le moment de préparer le jardin pour l’année suivante. » entend-on souvent. Sans virer dans l’extrême, j’aime bien planifier quelques éléments pour mon jardin, ce qui inclu des méthodes que je n’ai pas encore utilisées. Pour 2023, j’avais une grosse envie de me lancer à faire de l’hugelkultur – en français, de la culture sur butte auto-fertile.

D’abors un peu d’histoire. Le terme hugelkultur est un mot allemand qui veut tout simplement dire culture en monticule ou en butte. Cette technique aurait existé dans les pays de l’Est de l’Europe depuis des siècles, mais c’est un autrichien, Sepp Holzer, spécialiste en agriculture naturelle et en permaculture qui, dans les années 1960, a développé la méthode. Paul Weathon un américain, auteur en permaculture et disciple de Holzer a aidé à développer la popularité de la méthode dans de nombreux pays anglo-saxons. Aujourd’hui l’hugelkultur est adoptée par de plus en plus de jardiniers qui sont satisfaits des résultats qu’elle apporte. Mais il existe aussi une quantité indéniable de détracteurs qui jugent que la méthode n’est pas valable.

Il est vrai que l’endroit où l’on vit et le type de sol avec lequel on va travailler ont une influence des plus importante dans la construction d’une butte auto-fertile. Par exemple, ces buttes ne fonctionnent moins bien dans les régions les plus sèches, comme le sud de la France par exemple, même si l’on constate quand même certaines exceptions.

Alors en quoi consiste une butte auto-fertile ?

Elles sont construites à partir de bois morts, branchages, herbe, fumier (si on en a), compost etc… recouverts de terre. On peut même y mettre des algues pour ceux qui habitent près de la mer. Avec le temps cela créera l’engrais nécessaire pour les cultures qui seront faites sur la butte.

Le fait est que j’ai beaucoup d’espace dans mon jardin et qu’il y a tout un paquet de bois mort sur la propriété autour du jardin. Je me suis dit alors que la forêt ne m’en voudrait pas trop si je faisais un peu de ménage et que je lui piquais quelques petits troncs morts déjà un peu pourris pour construire ma butte. Nous avons de jeunes bouleaux qui ont tendance à faire un grand jeu de mikados dès qu’il y a un peu de vent, alors autant en profiter !. Et puis mon mari a dû découper un tremble assez gros qui était tombé sur le chemin communale, mais qui étant déjà bien pourri, n’était plus bon pour faire du bois de chauffage.

Faire une Butte Autofertile

Alors voilà, on a amené les morceaux de tremble, j’ai récupéré des bouts de bouleau tout aussi endommagé que le tremble et j’ai attaqué la construction de ma butte. Je me rend vite compte qu’il va me falloir bien plus de bois, mais ce n’est pas grave car j’ai encore des bouleaux qui ne demandent qu’à être récoltés et j’ai tout l’hiver pour monter la chose.

Mais pourquoi vouloir faire une butte vu le travail que ça demande et pourquoi la faire en hiver ?

Je vais utiliser les matériaux qui sont tout autour de mon jardin, et je sais que la culture sur butte auto-fertile minimise l’arrosage car le bois dans la butte, agissant comme une éponge quand il pleut suffisamment, garde l’humidité. J’ai d’ailleurs déjà essayé de faire un type de hugelkultur en mettant du bois mort avec mon compost, dans de vieux barils ou j’ai planté des fraisiers. Ils ont définitivement besoin de moins d’arrosage que ceux plantés directement dans le jardin. Vu que nous devrions avoir de plus en plus de sécheresses dans les années a venir, essayer la culture sur butte, rien que pour économiser de l’eau, me semble une bonne idée. Et puis la butte devrait attirer plein d’insectes qui vont pouvoir se délecter des matériaux qu’elle va contenir, augmentant la biodiversité du jardin.

En suite l’hiver est un moment plus calme pour les jardiniers, donc j’ai le temps de construire ma butte sans me presser. Je veux aussi profiter de cette période, plus humide (surtout en Sologne) pour que le bois de ma butte se gorge d’eau alors que je la construis. Comme je l’ai indiqué précédemment, j’ai tout ce qu’il faut pour faire ce type de jardinage, donc pourquoi ne pas essayer ? Et puis, si j’arrive à faire une butte assez haute, je n’aurai pas à me baisser autant pour m’occuper de mes plantations, une bonne chose pour mon dos…

Faire une Butte Autofertile

Attention, la culture sur butte auto-fertile est une méthode qui est basée sur la décomposition des matières à très long terme, donc si vous voulez essayer cette méthode, ne pensez pas que vous allez avoir une butte vraiment productive les premières années de son installation.

De plus avant de se lancer dans la construction d’une butte, surtout si elle est assez haute (on peut en faire des grosses qui font jusqu’à 1m80 de haut), il est impératif de comprendre que le paysage sera transformé par son implantation. Elle risque de bloquer la vue et il est donc préférable de la mettre là où elle ne sera pas gênante. Et puis il faut étudier son orientation…

Et si ça ne fonctionnait pas ?
Et bien j’aurai quand même profité de l’exercice physique au jardin à une période où on a souvent un gros besoin d’inspiration pour faire quelques chose en extérieur, en lien avec la nature. »

Caroline Martin

 

 

 

 

 

 

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